Qu'est-ce que le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel ?
Il y a une distinction à peine perceptible entre certaines angoisses liées au travail, normales, et l'épuisement professionnel.
En mai 2019, l'Organisation mondiale de la santé a inclus l'épuisement professionnel comme phénomène professionnel dans la 11e révision de la Classification internationale des maladies. L'OMS le définit ainsi : « Le burn-out, ou épuisement professionnel, est un syndrome conceptualisé comme résultant d'un stress chronique au travail qui n'a pas été correctement géré ». Malgré ces faits alarmants, cet état constant d'épuisement est encore quelque peu normalisé et toujours pas reconnu comme "maladie". C'est un peu comme un sportif qui pousse son corps au-delà de ses limites et se blesse gravement. Là, c'est votre cerveau qui se prend les pieds dans le tapis ! L'épuisement professionnel, ce n'est pas seulement passer une sale journée au travail. C'est un sentiment persistant de désintérêt total pour ce travail, de désespoir, de fatigue intense. Ce n'est pas un "état", c'est un processus qui se met en place lentement. Trois éléments le caractérisent (source OMS) :
Ces indicateurs sont fiables et il vous appartient d'y porter une vigilance de tous les instants pour vaincre l'épuisement professionnel. Autour de vous, personne n'osera vous parler, à peine saura-t-on deviner ce qui vous arrive. Au mieux imaginera-t-on que "vous avez mauvais caractère", ou "que vous êtes nul dans ce que vous faites". Pourtant, ce n'est pas vous le responsable de cet état. Le facteur qui y contribue, c'est l'environnement social dans lequel vous évoluez et les conditions de travail. Prendre des vacances ou une courte pause ne suffira pas ; pour vaincre l'épuisement professionnel, c'est un pansement sur une jambe de bois. En fait, certaines recherches indiquent que les vacances n'offrent aucune amélioration des niveaux d'énergie ou de bonheur lorsqu'on retourne au travail, surtout s'il s'agit de voyages stressants. Si vous faites vraiment face à un burn-out, ce ne sont pas quelques jours au bord de la plage, les doigts de pieds en éventail, qui vont changer radicalement les choses. Une chose est sûre, c'est vous qui tenez les commandes pour sortir de ce labyrinthe d'émotions. J'ai moi-même été confrontée à un burn-out il y a quelques années et j'ai réussi à identifier 5 pistes pour mieux gérer cet événement de notre vie professionnelle qui peut se transformer en grave dépression. Accepter le problème
Cela fait très "cliché" de dire que pour résoudre un problème, la première des choses à faire est d'admettre que vous en avez un. Pourtant, c'est le cas. Dans la vie professionnelle, on aura tendance à assumer seul une grosse partie d'un fardeau que nous pourrions partager. On arrive à se convaincre qu'on peut tout réorganiser simplement, en remettant les pièces du puzzle au bon endroit.
Se réveiller un peu plus tôt, mieux se concentrer avec des outils adaptés, travailler encore plus... Oui, tout cela devrait suffire pour aller mieux. Ce n'est presque jamais le cas. C'est être dans le déni que de réagir ainsi. Travailler plus dur ne résoudra rien, et vous ajouterez du stress au stress, de la fatigue à l'épuisement professionnel. En vérité, pour résoudre votre problème, il va falloir instaurer des changements dans votre façon de voir et de faire les choses, que ce soit au travail ou à la maison. C'est en agissant sur ces leviers, en reconnaissant que vous devez modifier certaines choses, que vous aurez franchi la première étape indispensable pour lutter contre le burn out. Peu importe comment vous allez vous y prendre, mais prenez le taureau par les cornes : écrivez dans un journal intime, partagez vos ennuis avec un ami autour d'un café. Vider son sac est la première étape et elle n'est pas très agréable. On se sent tellement amoindri et "mauvais" que le réveil peut s'avérer assez brutal. Détachez-vous de votre travail
Pour vaincre l'épuisement professionnel, imposez-vous des horaires réguliers, stables, raisonnables, que ce soit pour commencer la journée ou pour la finir. Avez-vous vraiment "quitté" le travail quand vous êtes à table, en famille, ou devant le film du soir, ou encore, bien au chaud sous la couette ?
La déconnexion est rendue encore plus complexe avec tous nos PC, téléphones mobiles, tous connectés en permanence à nos comptes professionnels. Cette connectivité constante rend plus difficile que jamais le fait de se DÉTACHER mentalement de notre job. On sait tous aujourd'hui que la majorité des gens consulte son courrier électronique professionnel en-dehors des heures normales de travail et que nombreux sont ceux qui dépassent largement les 40 heures de travail par semaine. Pas étonnant alors d'être épuisé quand on court comme un hamster dans sa roue ! Le détachement psychologique au travail est nécessaire et des études montrent que ce détachement permet un meilleur taux d'engagement une fois revenu au bureau. Pour faire court, ceux qui arrivent à ne pas lire leurs mails professionnels à la maison seront plus engagés (ou au même niveau d'engagement) que ceux qui ne se déconnectent pas. De plus, ils prendront plus de "plaisir" à revenir travailler. Comment se détacher ? Tout dépend de votre personnalité et de vos habitudes. On peut par exemple se dire qu'à une certaine heure, en fin de journée, on range son bureau, on sort son plus beau cahier de notes réservé pour cela (ou sa plus belle page sur PC) et on fait la liste des tâches du lendemain. C'est un moyen qui rappellera à votre cerveau qu'il est temps de passer du "mode pro" au mode "vie perso". Si vous l'osez (audace, quand tu nous tiens !), supprimez votre compte de messagerie professionnelle de votre téléphone portable, ou au moins, désactivez les notifications. Je connais trop bien les réflexions à table : "Mais non, je ne réponds pas, je lis, c'est tout !" Oui, mais dans quel état certains mails pros peuvent nous mettre ! J'en connais quelques-uns qui ont ruiné mes week-ends ! Au début, vous allez stresser de faire certains de ces choix, mais votre cerveau vous en sera bientôt éternellement reconnaissant et vous pourrez vous dire "Merci !". Revoir sa charge de travail
Parfois, ce n'est pas votre attitude ou vos habitudes qui doivent être modifiées, c'est votre charge de travail elle-même. Cette dimension fait partie des risques psycho-sociaux depuis maintenant de nombreuses années.
De toute évidence, vous ne pouvez pas toujours vous débarrasser des éléments de votre liste de tâches d'un claquement de doigts, surtout si vous travaillez en équipe ou si vous êtes votre propre patron. Il faut néanmoins pouvoir regarder cette liste et discuter, échanger, et ajuster la charge de travail, notamment en déléguant certaines responsabilités ou en identifiant celles qui sont prioritaires lorsque vous ne pouvez pas toutes les assumer. Se dire simplement (ou le dire à un supérieur) : "Je suis surmené, au secours !" ne sera malheureusement pas suffisant. Construisez un plan d'action concret et réaliste et présentez-le. Revoyez votre copie en déléguant certaines tâches. Si vous devez échanger avec un supérieur à ce sujet, n'ayez pas peur de passer pour un employé en-dessous de la moyenne ! Au contraire, une réunion de ce type, même si elle vous paraît à l'avance éprouvante, peut faire de vous quelqu'un de proactif, avec des solutions que vous apporterez au lieu d'attendre que cela passe. C'est un moyen aussi de vous éviter un désengagement plus grave. L'art de ne rien faire pour vaincre le burn-out
C'est vraiment un art... Faire une pause, rester immobile, sans rien d'autre que votre cerveau, votre respiration et vous.
Pourquoi s'obliger à courir à la salle de sport après le boulot ? Ou sortir en boîte ou aller boire avec des potes tous les week-ends ? Ou encore, se jeter dans le canapé avec la zappette en main pour surfer sur Netflix ou You Tube ? Pour réapprovisionner physiologiquement et psychologiquement votre cerveau et votre corps, il n'existe qu'une seule méthode : ne rien faire du tout. Offrez-vous un moment de calme où vous pourrez vous asseoir, méditer, respirer, ou simplement, regarder sans réfléchir par la fenêtre ! Si cela vous semble trop étrange, allez marcher, sortez votre chien, ce sera bien plus bénéfique que de faire défiler vos nouveaux posts Instagram pour la 20è fois de la journée ! Prévenir plutôt que guérir
C'est difficile d'auto-évaluer ses émotions, et quand on commence à le faire, c'est déjà trop tard. C'est que l'épuisement professionnel est déjà installé.
On pleure, on a mal au ventre en allant au travail, ou en revenant, on est grincheux, voire pire... Bref, nos journées sont suffisamment occupées (c'est pourquoi on est épuisé !), alors s'il faut en plus prendre le temps de s'auto-analyser, on n'en sort plus ! Pourtant, c'est à force de courber l'échine et de pédaler bêtement que le burn out va s'installer insidieusement. Lentement, mais sûrement, au fil du temps... Donc, inutile de vous dire qu'il est important de bien connaître son état émotionnel pour prévenir la chute vers l'épuisement. Il ne faut surtout pas attendre de constater les dégâts, il vaut mieux les prévenir. Comme votre jauge d'essence : vous n'attendez pas d'être à sec pour aller faire le plein. Si vous sentez que vous perdez pied, il vous faudra alors surveiller les 3 éléments principaux du burn-out cités plus haut : votre état de fatigue, votre efficacité (ou pas), votre "cynisme" au travail. Suivez-les une fois par semaine et écrivez, évaluez, donnez une note, peu importe. Faites le bilan (pour les personnes comme moi, je fais un graphique, j'adore Excel !) et si vous remarquez un domaine plus bas que les autres, travaillez-le ! N'hésitez pas à rencontrer votre médecin si vous ne savez plus comment gérer cet état. En ce qui me concerne, il m'a été d'un grand secours mais je m'y suis pris un peu trop tard. J'ai fait une dépression nerveuse qui m'a empêché de retourner travailler durant 6 mois. Conclusion
Vaincre l'épuisement professionnel n'est pas facile, il faut lui faire face puis le combattre. L'admettre aussi parce que souvent, on est plutôt dans le déni, on pense que ce sont des personnes fragiles qui en sont victimes, mais c'est faux.
Au contraire, ce sont des personnes hyper-investies au travail. Trop... La dimension psychologique et cognitive est très complexe et d'autres maladies du travail liées au psychisme ont fait leur apparition depuis quelques années :
La bonne nouvelle, c'est qu'on peut en sortir à partir du moment où il est identifié et qu'on sort du déni. N'hésitez pas à en parler... Pourquoi je vous en parle, moi ? Parce que je connais bien le problème et que ma santé en a pris un coup, parce que la délégation permet de vous sortir la tête de l'eau et que c'est mon métier que de vous y aider, parce que le partage de connaissances peut vous alerter... Reprenez vos journées de travail sereinement ! Bon ou mauvais, n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, témoignages ou informations complémentaires sur ce sujet délicat.
Et comme toujours, Secrétariat Excellence reste à votre entière disposition !
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AuteurJe suis Laurence Berry-Brisson. |